L’alphabet tchèque

La valeur phonétique correspondant aux caractères de l’alphabet est donnée par rapport à des sons français courants et non pas par les valeurs données, par exemple par l’API (alphabet phonétique international).

L’alphabet tchèque (d’après des extraits d’André Mazon)

a (bref), á (long)
b
c (avec la valeur de ts dans tsar)
č (avec la valeur de tch dans tchèque)
d et ď (iodisé) (plus mouillé que dans le mot français dieu)
e (bref), é (long) et ě (mou) (avec la valeur de ai en français)
f
g (avec la valeur qu’il a en français dans gâteau)
h (à peu près avec la valeur du h allemand intervocalique par exemple dans Hoheit)
ch (semblable au ch de l’allemand doch)
i (mou bref), í (mou long)
j (avec la valeur du français y devant voyelle: yeux)
k
l
m
n et ň (mouillé) (mouillé comme dans bagne)
o (bref), ó (long)
p
q
r et ř (r apical roulé et r apical roulé mouillé)
s
š (prononcer che)
t et (plus mouillé que dans le mot français tien)
u (bref), ú (long), ů (long) (avec valeur du français ou)
v
w
x
y (dur bref), ý (dur long) (avec valeur de i)
z
ž (prononcer ge / je)

Les valeurs particulières de certains caractères

1. valeur étrangère

Nous allons examiner les caractères de l’alphabet tchèque qui indiquent que le mot qui les contient est d’origine étrangère.

Nous avons en premier lieu des caractères présents dans l’alphabet uniquement pour permettre d’écrire des mots étrangers. Il s’agit de:

q, w, x

Le cas de “f” est semblable à celui des caractères précédents, mais avec la présence de quelques mots tchèques. “f” est un graphème qui a été adopté tardivement. Avant son existence dans l’alphabet tchèque, dans les mots empruntés “f” était transformé en “b” ou en “p” (également des bilabiales). C’est ainsi que le mot “faisan” emprunté du français par l’intermédiaire de l’allemand devient “bažant” en tchèque et “Lucifer” devient “Luciper”.

Les exceptions tchèques sont les verbes “doufat” (espérer) et “zoufat” (désespérer) d’une part et le verbe “foukat” (souffler), d’autre part. Dans le premier cas, la racine est “uf” avec un préfixe régulier en “do” (bien que non prononcé séparément) et un préfixe unique en “zo”. Dans le second cas, la racine est “fouk / fuk”. Il s’agit d’une onomatopée: le bruit de quelqu’un ou quelque chose qui souffle. Connaître l’expression populaire “to je mi fuk” (cela m’est égal) ne peut pas nuire.

Le cas de “g” est aussi très intéressant, mais d’une autre nature. En effet, il s’agit dans ce cas d’une transformation historique de “g” en “h” en tchèque, en slovaque et en haut-sorabe. Dans ces langues, le “g” slave s’étant transformé systématiquement en “h” en dehors de la famille de mots formée sur la racine “gramot” (lettré) issue du grec et empruntée par l’intermédiaire du russe, tous les “g” présents dans un texte tchèque marquent nécessairement une origine étrangère des mots concernés, par exemple “integrovat” (intégrer).

Le cas de “ó” s’explique aussi par une évolution phonologique. Ce o long est devenu d’abord une diphtongue “uo” qui, en tchèque, a finalement évolué vers “ů” (u s kroužkem: mot-à-mot “u avec un petit rond”). En slovaque, nous avons comme résultat “ô” (“o s vokaňom”, graphème unique qui conserve une prononciation de diphtongue en “uo”). La correspondance entre tchèque et slovaque existe très souvent: “původ” = pôvod” (origine).

Cette transformation ne connaît pas d’exception en tchèque, si bien qu’il n’existe plus de o longs tchèques, mais uniquement des u longs avec petit rond. Par conséquent, tout o long marque nécessairement une origine étrangère, par exemple “móda” (mode).

Signalons la valeur de mot étranger donnée par les voyelles “a” , “e” et “i” , lorsqu’elles sont en tête de mot (premier caractère du mot). En effet, les mots slaves ont tendance à ne pas commencer par une voyelle, cette tendance étant diversement représentée suivant la langue slave en question. Pour le tchèque, ce sont ces trois voyelles, pour le haut-sorbe ce sont toutes les voyelles. En tchèque, il y a une douzaine d’exceptions de mots tchèques commençant par “a”. Ce sont tous des mots grammaticaux. Il y a une ou deux exceptions pour “e” et “i”.

2. valeur grammaticale

Des caractères de l’alphabet peuvent avoir, dans une position déterminée, ici le dernier caractère du mot, une valeur grammaticale univoque et ceci sans exception ou presque.

Il s’agit de “ý” qui en tant que dernier caractère d’un mot donne la valeur d’adjectif dur masculin singulier au nominatif ou à l’accusatif associé à un substantif masculin inanimé. Il n’existe que trois exceptions: “prý” (à ce qu’il paraît), “úterý” (mardi) et “čehý” (hue dans à hue et à dia).

Nous avons également “ů” en tant que dernier caractère qui donne la valeur de substantif masculin au génitif pluriel et ceci quel que soit le type de substantif masculin, consonantique ou vocalique, dur ou mou. Seuls “dolů” et “domů” sont ambigus, soit substantifs masculin au génitif pluriel, soit adverbes de lieu avec mouvement face respectivement à “dole” (en bas [sans mouvement]) et “doma” (à la maison [sans mouvement]).